Je partage aujourd’hui cet article rédigé par Michèle pour rendre hommage à Roméo, un chat des rues dont elle s’occupait depuis des années et qui est décédé.
L’HISTOIRE DE ROMÉO
Au début 2013, un groupe de 7 chats est apparu dans le bas de la rue Maillefer, ce groupe avait trouvé refuge dans une maison en réfection et la squattait en passant par un trou dans le bas du mur. En plein hiver le propriétaire a bouché ce trou et les chats se sont retrouvés à la rue dans la glace et la neige. Un déchirement de les voir tous attendre devant le trou fermé de leur abri, complètement déstabilisés. J’ai fait appel à Saint Quentin Félins.
Eliane est venue m’aider, nous avons capturé Arwen qui a été placée en famille d’accueil, Isidore (le roux et blanc) qui est arrivé chez moi et après 3 fugues en me passant par-dessus l’épaule dès que j’ouvrais la porte a fini par s’installer dans le confort, je l’ai adopté et il coule toujours des jours heureux à la maison, c’est le roi du canapé et des câlins les pattes en l’air.
Fière de notre avancée je décide un soir de capturer Roméo mais cela a été le début d’une histoire particulière… J’ai réussi à le piéger pensant l’amener chez la vétérinaire le lendemain matin mais en arrivant au second étage, un diable, comme une bombe, a forcé la porte de la cage, il était terrorisé, titubait, se cognait sur tout ce qui était entreposé, raide comme un bâton, tétanisé de frayeur à tel point qu’à un certain moment j’ai voulu le remettre à la rue tellement c’était impressionnant mais il ne tenait pas sur ses pattes, roulait dans le caniveau, effrayé à mort. J’ai passé une grande partie de la nuit avec lui en le remettant à l’étage à le regarder se cogner sur tout ce qu’il rencontrait en titubant, un moment très difficile. Le lendemain, malgré l’aide d’Eliane, il n’a pas été possible de le mettre en cage, il feulait, prêt à nous sauter dessus, montrant les crocs, remis sur ses pattes.
Il est donc resté 2 mois dans cette pièce, est devenu un beau chat tout blanc, de beaux yeux verts, dodu comme un moine, calme et royal. Je lui parlais mais je ne pouvais l’approcher, il mangeait, dormait sans manifester quoi que ce soit. Au bout de quelques semaines, devant ce calme, j’ai ouvert la porte de communication pour qu’il puisse descendre quand il voulait, il n’a jamais essayé de nous rejoindre. Au bout de 2 mois, sans espoir de l’apprivoiser, j’ai fini par ouvrir la lucarne du grenier d’à côté et il a filé retrouver sa liberté.
Il est revenu quelques jours après manger sur mes marches et là j’ai commencé à pouvoir le toucher et le caresser pendant qu’il mangeait. Lui mettre du Stronghold et lui soigner une plaie tenaient du parcours du combattant mais il m’attendait patiemment des heures. J’ai réussi une nouvelle fois en le prenant par le cou à le faire rentrer à la maison car il me connaissait mieux. Il a passé 2 mois d’hiver sans bouger, toujours distant mais se couchant au pied du canapé à côté de moi.
Puis au début du printemps, dès que la porte a été ouverte, il a pris à nouveau la poudre d’escampette, c’était sa nature. Le caresser ça allait mais le prendre pour le mettre en cage, impossible. Et il est revenu à nouveau manger à ma porte, fidèle au milieu de son indépendance.
Cela a duré 2 ans. A une époque j’ai été plusieurs jours sans le voir parce que ce solitaire ne supportait pas les autres chats qui venaient manger sur mes marches et c’est Eliane qui m’a signalé sa présence vers la Dipas. Pendant 2 ans je suis descendue matin et soir pour le nourrir, le soigner, le caresser, lui parler même s’il me regardait de travers quand je voulais lui mettre de la crème sur ses oreilles, je lui ai installé une niche confortable sous l’arbre de la Dipas. Vers 8 H 30 et 18 H il m’attendait, il reconnaissait le bruit de ma voiture, ou ma voix l’appelant mou doudou, mon pépère, mon roudoudou d’amour. C’était une mission qui m’importait à laquelle je n’ai jamais failli, qui m’était nécessaire, j’étais la seule à pouvoir l’approcher. Je l’aimais ce vagabond.